Qui était John Harrison ?

Une gravure de John Harrison
John Harrison voit le jour en 1693 à Foulby, un petit village du Yorkshire de l’Ouest, en Angleterre. Fils d’un menuisier, il grandit dans une famille modeste, entouré de quatre frères et sœurs. Très tôt, il montre un vif intérêt pour les mécanismes. Une légende raconte qu’à l’âge de six ans, cloué au lit par la varicelle, on lui offre une montre pour le distraire… mais c’est elle qui captivera son esprit pendant des heures. Le petit John ne se contente pas de la regarder : il veut comprendre comment elle fonctionne.
Peu après, sa famille s’installe à Barrow upon Humber, dans le Lincolnshire. Là, il cultive aussi une passion pour la musique et chante dans le chœur de l’église paroissiale. Mais c’est dans le bois et les rouages que son génie va s’exprimer.
Devenu ébéniste comme son père, Harrison se met à construire des horloges. Entièrement en bois. À vingt ans à peine, il signe sa première pièce en 1713 — aujourd’hui précieusement conservée à la Worshipful Company of Clockmakers, à Londres. D’autres suivront, visibles au Science Museum et au Nostell Priory, témoignages émouvants de son incroyable savoir-faire artisanal.
Vers 1720, il reçoit une commande pour une horloge destinée au domaine de Brocklesby Park. Ce chef-d’œuvre, encore en fonctionnement trois siècles plus tard, est doté d’un mécanisme révolutionnaire : l’échappement de sauterelle, une invention signée Harrison, qui élimine presque toute friction et ne nécessite pas de lubrification. Du jamais vu.
Entre 1725 et 1728, avec son frère James, lui aussi ébéniste, il conçoit trois horloges à pendule d’une précision remarquable. Pour affronter les variations de température, il invente un pendule ingénieux — le gridiron — composé de tiges métalliques de nature différente. À l’époque, on dit que rien n’est plus fiable pour mesurer le temps.
Mais Harrison voit plus loin. À partir de 1730, il s’attaque à un défi immense : permettre aux marins de déterminer la longitude en mer, et donc de ne plus jamais être perdus. Soutenu par l’horloger George Graham et l’astronome Edmond Halley, il se consacre au développement du chronomètre de marine, instrument-clé pour dompter les océans. Un combat de toute une vie, face aux doutes, aux obstacles… et à l’Académie royale elle-même.
John Harrison s’éteint à Londres en 1776, le jour même de son 83e anniversaire. Il repose au cimetière de l’église St. John à Hampstead, aux côtés de sa seconde épouse Elizabeth et de leur fils William.
Il laisse derrière lui bien plus que des horloges : il laisse un monde devenu mesurable, navigable, compréhensible. Grâce à lui, les hommes ont enfin pu se repérer dans l’immensité du monde.


