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Le chronomètre de marine

Pendant des siècles, les marins ont su mesurer leur latitude, mais restaient impuissants face au calcul de la longitude en mer, une difficulté majeure qui causait d’innombrables naufrages. La clé manquante? L’heure exacte du point de départ, impossible à conserver sans un instrument de mesure du temps à la fois précis et fiable en mer.

À l’aube du XVIIIᵉ siècle, l’Angleterre, grande puissance maritime, cherche désespérément une solution. En 1714, le Parlement britannique crée le Board of Longitude et promet une récompense colossale, jusqu’à 20 000 livres sterling (l’équivalent de plusieurs millions actuels) , à quiconque trouvera un moyen fiable de calculer la longitude en mer. Le défi était immense : l’erreur tolérée était de seulement 30 milles nautiques après six semaines de navigation, un objectif qui semblait alors hors de portée des technologies connues.

C’est cette quête, à la fois scientifique, technique et humaine, qui mena au développement du chronomètre de marine, une horloge portable capable de conserver une mesure stable du temps même sur un navire en mouvement. Et au cœur de cette révolution : John Harrison, un ébéniste autodidacte du Yorkshire.
Dès 1730, il se lance dans cette mission quasi impossible, là où tant d’horlogers chevronnés avaient échoué. Il imagine d’abord de grandes horloges (H1, H2, H3), puis comprend que la précision viendra de la miniaturisation. En 1759, il crée enfin le H4, un véritable bijou d’horlogerie qui ressemble à une grande montre de poche. Précis, stable, insensible aux mouvements du bateau, le H4 est le premier véritable chronomètre de marine.

Grâce à cet instrument, il devient enfin possible de déterminer la position d’un navire en mer avec une précision inédite. Le chronomètre marque ainsi le début d’une nouvelle ère dans la navigation, ouvrant la voie aux grandes explorations, à la maîtrise des routes maritimes et à l’expansion des empires.
Le travail de John Harrison, qui lui aura pris plus de 30 ans, incarne un exploit d’inventivité, de persévérance et d’ingéniosité humaine. Ses découvertes (comme le balancier spiral, la compensation thermique, ou encore les roulements à billes) restent au cœur des technologies horlogères bien après sa mort.
Aujourd’hui encore, son nom demeure associé à cette avancée capitale : sans John Harrison, le monde n’aurait peut-être jamais su où il se trouvait.

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